Calcul des émissions de gaz à effet de serre chez Frayssinet
Interview de Quentin Protsenko, responsable des affaires réglementaires et en charge du sujet Carbone.
Votre société a-t-elle entrepris une démarche de mesure de son empreinte carbone ?
« Parallèlement à son engagement RSE, et son évaluation « Exemplaire » depuis 2015, l’entreprise Frayssinet a intégré dans sa stratégie de développement durable la mesure de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l’ensemble de son activité de fabrication et de commercialisation des fertilisants organiques et biostimulants nutritionnels.
Il semble en effet aujourd’hui impossible pour une entreprise de passer outre sa responsabilité d’évaluer et de réduire ses émissions de GES. C’est pourquoi j’ai suivi une formation qualifiante et j’applique aujourd’hui la méthodologie du Bilan Carbone® officielle, basée sur les travaux de l’Ademe, pour le calcul des émissions de GES de Frayssinet. Le Bilan Carbone® est un outil de management environnemental reconnu qui nous aide à identifier les postes d’émission les plus importants afin de mettre en place des actions correctives permettant de continuer à réduire notre impact. »
Quelles sont les émissions prises en compte dans votre calcul ?
« On distingue émissions directes et émissions indirectes. Les émissions directes sont les sources contrôlées par l’entreprise, et les émissions indirectes sont nécessaires aux activités de l’entreprise, mais ne sont pas contrôlées par celle-ci.
Dans le cadre du bilan de GES réglementaire obligatoire auquel sont soumises les entreprises de plus de 500 salariés, seules les émissions directes (scope 1) doivent être publiées, la déclaration des émissions indirectes (scope 2 et 3) n’est pas obligatoire. Cela a pour effet de dévaluer l’impact réel global des entreprises. Peu d’entreprises à ce jour communiquent le détail de leur empreinte carbone, et celles qui prennent en compte le Scope 3 sont encore moins nombreuses.
Par souci de transparence vis-à-vis de nos parties prenantes, chez Frayssinet nous avons fait le choix de prendre en compte l’ensemble de notre activité, émissions directes et indirectes. Cela signifie que nous évaluons les émissions de GES de l’achat de la matière première jusqu’à l’utilisation finale chez l’agriculteur et le devenir dans le sol du produit. »
Quels sont les résultats de cette démarche ?
« Pour la campagne 2021, le bilan global des émissions de notre activité s’élève à 23 996 tonnes d’équivalent CO2.
Seules 13% de ces émissions, soit 2820 tCO2eq sont liées aux émissions directes de l’entreprise (scope 1). Ce sont essentiellement sur ces émissions que nous pouvons agir directement afin de les réduire.
87 % de nos émissions de GES sont des émissions indirectes (scope 2 et 3), qui représentent 21 176 tCO2eq. Ce chiffre est évidemment sujet à incertitude (+/- 20 %), car il est difficile d’avoir des données précises lorsqu’il s’agit d’évaluer les émissions de tiers et intermédiaires, mais nous pensons que sans cette valeur le bilan des émissions de notre entreprise aurait été tronqué et inexact. Il faudra dans les années à venir travailler avec l’ensemble de nos parties prenantes afin de réduire ces incertitudes. »
Quels sont les postes d’émission les plus impactants dans votre activité ?
« Près des 2/3 de nos émissions sont dus au relargage de protoxyde d’azote (N2O) dans l’atmosphère une fois nos produits épandus au champ. Ces émissions, inhérentes à tout fertilisant, ne représentent qu’une cinquantaine de tonnes de N2O dans l’atmosphère chaque année, mais ce gaz étant 265 fois plus réchauffant que le CO2 il impacte grandement notre bilan global.
Vient ensuite le fret à hauteur de 20 % et les emballages de nos produits, qui représentent eux 7 % de nos émissions. Les 7 % restants se partagent entre les immobilisations, les déplacements, les déchets directs et l’énergie consommée. »
Y a-t-il un impact positif des fertilisants organiques sur le stockage du carbone dans les sols ?
« Effectivement, l’avantage des engrais organiques c’est qu’ils sont composés essentiellement de Carbone qui sera stocké dans les sols agricoles. Cette quantité stockée est telle qu’elle compense les émissions de N2O.
Face à ce constat, nous avons développé un indicateur « Carbone » pour nos produits, disponible à la demande. En connaissant le rendement humus d’un fertilisant, il est possible de calculer la quantité de CO2eq qui sera stockée dans le sol par tonne épandue. En y soustrayant la valeur de C02eq moyen émis par tonne de produit fabriqué, nous pouvons calculer un indicateur de la quantité de CO2eq apportée par chacun de nos produits et qui prend en compte les émissions de GES globales de l’entreprise. Le chiffre obtenu par cet indicateur sera dévalué vis-à-vis de la quantité totale de carbone effectivement stockée, mais plus juste lorsqu’il s’agit de donner une valeur indicative de l’impact positif de nos produits sur le stockage de carbone dans les sols.
Nous espérons que cet indicateur du carbone stocké par l’utilisation de fertilisants FRAYSSINET puisse être utilisé par l’agriculteur dans le calcul du bilan GES de son activité, et à terme, valorisé en crédit carbone. Le stockage du carbone dans les sols agricoles est, après la plantation de forêts, le meilleur levier pour réduire notre impact environnemental à l’échelle mondiale. Il est important et urgent que les politiques publiques soient incitatives vis-à-vis de ces pratiques vertueuses. »
En savoir plus sur la restitution au sol des co-produits organiques
Quelles actions avez-vous mises en place pour réduire votre impact environnemental ?
« Nous avons couplé l’annonce des résultats du Bilan Carbone® avec des actions de sensibilisation de nos collaborateurs : atelier de la fresque du climat, communication interne faisant la promotion des écogestes, du télétravail, du covoiturage et des bonnes pratiques numériques, chaque gramme de CO2 d’émission évité compte !
Dans les actions majeures sur la dernière campagne, nous avons équipé notre bâtiment de stockage de 11043 m2 de panneaux photovoltaïques, soit l’équivalent de 2,2 GWh/an produits. Nous avons effectué une transition vers des LED de l’ensemble de l’éclairage de l’entreprise et investi dans des chariots élévateurs électriques. Des réflexions sont en cours sur l’augmentation de la part de plastique recyclé dans nos emballages. Pour avoir un aperçu plus exhaustif de l’ensemble de nos actions, je vous invite à lire notre Rapport de Développement Durable. »
Vidéo pour mieux comprendre le scope 3
Le BILAN CARBONE FRAYSSINET 2023 à télécharger