Lionnel Faber

Lionnel Faber Directeur Commercial & Marketing Frayssinet

 

Interviewé en juin 2023
Depuis 1997 chez FRAYSSINET

 

 

 

> LE TERME ORGANIQUE EST-IL TOUJOURS AUTANT PORTEUR DE SENS ?

Oui, plus que jamais : force est de constater les bons résultats agronomiques, le développement des ventes, la demande sociétale, et le nombre d’intervenants croissants qui cherchent à se positionner sur ce marché de l’organique au sens large. Tout converge. Pour rappel, nous avions lancé dès 1990 une campagne de communication intitulée « Merci l’organique ! » Ce mode de fertilisation très largement utilisé dans les cultures spécialisées depuis des années interpelle et avec le temps nous le voyons progresser significativement sur nos autres marchés Jardin, Espaces Verts, Horticulture et même la Grande Culture ! Certes les messages publics visant à « Manger mieux-manger Bio, réduire la pollution des eaux, diminuer les IFT, préserver les sols avec le 4 ‰, limiter l’impact carbone… » nous aident et cautionnent notre démarche mais je suis intimement persuadé que c’est la voix de la raison qui est en train de l’emporter, nous le constatons de plus en plus au contact des jeunes générations qui perçoivent cette approche comme une évidence. C’est en cela que nous sommes fiers d’être restés fidèles à nos convictions depuis 150 ans.

 

> VOUS AVEZ ÉVOQUÉ LA GRANDE CULTURE, QUELLES SONT VOS AMBITIONS SUR CE MARCHÉ ?

C’est effectivement un axe de développement parfaitement identifié chez nous sur lequel nous avons beaucoup investi ces 2-3 dernières années notamment en essais officiels. L’approche de ce marché est totalement différente de ceux sur lesquels nous sommes déjà, mais forts de notre expérience sur les autres cultures et des échanges que nous avons pu avoir avec nos partenaires distributeurs ou semenciers, nous avons à la fois des convictions et des certitudes qui vont nous amener à commercialiser dès cette année en France et à l’étranger des solutions de biostimulation liquide et solide sur maïs via de nouvelles marques tels que Microsyr, Solizer, Insemo… En relation avec notre service R&D et notre responsable Grande Culture, nous nous sommes donnés une année supplémentaire sur colza et tournesol avant d’aller à la commercialisation. C’est une activité que nous abordons méthodiquement avec prudence et humilité mais sur laquelle nous nous devions d’être présents en tant que leader du marché organique.

 

> SUR CE MARCHÉ DE PLUS EN PLUS CONVOITÉ DES FERTILISANTS ORGANIQUES ET SURTOUT DES BIOSTIMULANTS, NE CRAIGNEZ-VOUS PAS LES DÉRIVES ?

Oui le risque est réel. Nous voyons tous les jours fleurir des offres produits que je qualifierais « d’opportunistes », bien éloignées de considération agronomique et qui jouent avec la règlementation. Toutes ces allégations très souvent erronées jettent le discrédit sur notre profession. Notre antériorité sur ce marché et notre engagement dans la RSE nous donnent une légitimité pour porter un message de prudence et dénoncer des pratiques que nous jugerions déloyales. Ce dernier point est d’ailleurs une des obligations de la norme ISO 26000 liée à la RSE, dans laquelle nous avons été évalués au niveau « Exemplaire » depuis 2015. Nous assumons le statut de lanceur d’alerte et cette exigence vis-à-vis des autres, nous nous l’appliquons également à nous-mêmes. Au final, nous attendons de la part de tous les acteurs le respect d’une mise en marché loyale qui crédibiliserait le métier et faciliterait le travail des autorités compétentes et celui des utilisateurs.

 

> COMMENT PERCEVEZ-VOUS L’AVENIR DE VOTRE FONCTION ?

De façon très pragmatique ! Sur l’ensemble de nos marchés, tous les modèles de commercialisation et de production sont en train de changer radicalement. La transition écologique est réelle et durable. Le consommateur est de plus en plus exigeant.

Aussi à l’heure de la séparation du conseil et de la vente, le fournisseur doit donner l’image d’un partenaire fiable et en mesure d’accompagner ses clients distributeurs et utilisateurs dans leurs changements. Nos équipes commerciales doivent avoir, en priorité, la capacité de poser une expertise technique sérieuse sur tous les sols et les cultures sur lesquels nous sommes présents pour ensuite proposer des solutions sans impasse technique, économiquement avantageuses et qui devront coller aux attentes de qualité et de traçabilité du consommateur.

 

Lionnel Faber

 

Propos recueillis par Thibault Touzeau

 

 

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