Millésime 2024 et conditions climatiques
Le millésime 2024 a été marqué par des conditions climatiques peu favorables et hétérogènes en fonction des régions viticoles.
Les fortes précipitations subies dans le Sud-Ouest, le Nord-Est et une partie du Sud-Est ont fortement impacté le développement physiologique et métabolique des vignes. Les conditions ont également été très favorables à l’installation de pressions phytosanitaires à partir de mi-mai, affaiblissant la vigne et impactant fortement les productions.
Conditions climatiques des vignobles :
Sud-Est (Arc Méditerranéen)
Départements | Normales pluviométriques 1997-2002 (mm) |
Cumul pluviométrique 2024 (mm) |
Delta explicatif % |
11 – Aude | 718,70 | 588,8 | – 18% |
66 – Pyrénées-Orientales | 754,86 | 692,2 | – 8% |
34 – Hérault | 850,70 | 1009,4 | + 19% |
30 – Gard | 916,33 | 1253,1 | + 37% |
84 – Vaucluse | 710,50 | 944,6 | + 33% |
13 – Bouches-du-Rhône | 571,48 | 831,5 | + 45% |
83 – Var | 786,65 | 935,7 | + 19% |
Les précipitations ont montré une grande hétérogénéité sur la région méditerranéenne, avec notamment l’Aude, en particulier le sud de l’Aude, et les Pyrénées-Orientales, qui ont connu un millésime relativement sec. Ces conditions sèches et fraîches ont pu conduire à une faible assimilation minérale par la vigne, ainsi qu’à un ralentissement de son développement foliaire.
Les observations actuelles dans les vignes indiquent un faible poids des bois de taille, ce qui est caractéristique d’un millésime complexe sur le plan de la nutrition.
Dans les autres départements, les pluies ont initialement permis de répondre aux besoins en eau de la vigne, bien que le démarrage végétatif ait été difficile, avec des réserves nutritionnelles relativement faibles. Cependant, les cumuls pluviométriques observés durant les mois de juin et juillet sont principalement dus à des épisodes orageux. Ces pluies ont rapidement placé la vigne dans des conditions de stress biotique, engendrant des pressions significatives de pathogènes tels que l’Oïdium et le Mildiou.
Sud-Ouest (Entre-Deux-Mers, Bordeaux, Charente)
Départements | Normales pluviométriques 1997-2002 (mm) |
Cumul pluviométrique 2024 (mm) |
Delta explicatif % |
16 – Charente | 819,20 | 1078,5 | + 32% |
17 – Charente-Maritime | 776,06 | 934,1 | + 20% |
33 – Gironde | 810,78 | 948,6 | + 17% |
47 – Lot-et-Garonne | 736,45 | 1038,7 | + 41% |
40 – Landes | 978,36 | 1134,1 | + 16% |
32 – Gers | 702,83 | 902,0 | + 28% |
64 – Pyrénées-Atlantiques | 1293,16 | 1138,2 | – 12% |
Sur l’ensemble des vignobles du Sud-Ouest, les précipitations de 2024 ont été abondantes et réparties tout au long de la saison, depuis le débourrement jusqu’à la récolte. Cette accumulation de pluie a rapidement provoqué des conditions d’asphyxie des sols, limitant ainsi le développement racinaire et perturbant la minéralisation des éléments nutritifs. Les excès d’eau au printemps et à l’automne ont pu fortement impacter le système racinaire, avec un ralentissement du renouvellement du chevelu et ses fonctions d’assimilation minérale.
De plus, les conditions d’humidité élevées ont aussi engendré une forte pression cryptogamique, en particulier du mildiou, affectant à la fois les feuilles et les grappes.
Ce millésime a entraîné une perte importante des récoltes sur l’ensemble du vignoble, expliquée en partie par des phénomènes de millerandage et de coulure, accompagnée d’une diminution du fonctionnement métabolique de la plante (assimilation minérale, activité photosynthétique, croissance racinaire). De plus, cette perte de récolte a été associée à un ralentissement de la maturation dans de nombreuses parcelles, nécessitant des vendanges plus tardives pour permettre aux raisins d’atteindre les degrés souhaités.
Nord-Est (Champagne, Bourgogne)
Départements | Normales pluviométriques 1997-2002 (mm) |
Cumul pluviométrique 2024 (mm) |
Delta explicatif % |
51 – Marne | 704,11 | 901,2 | + 28% |
02 – Aisne | 731,54 | 858 | + 17% |
10 – Aube | 704,14 | 934,2 | + 33% |
21 – Côte-d’Or | 839,49 | 1082,1 | + 29% |
89 – Yonne | 739,08 | 1002,9 | + 36% |
La région du Nord-Est, avec ses différents vignobles, présente un bilan proche à celui du Sud-Ouest, avec des précipitations importantes et des températures relativement faibles.
Ces conditions météos ont entraîné un ralentissement du développement foliaire lors des premiers stades de croissance. Fin mai, la situation a donné lieu à une pression maladie exceptionnelle, avec des pertes de récolte pouvant atteindre jusqu’à 100 % sur certaines parcelles dans le Sancerre.
On peut aussi souligner des événements climatiques ayant eu un impact considérable sur la région, tels que les orages de grêle touchant le Chablis et les épisodes de gel dans le Jura.
Enfin, les récoltes se sont avérées hétérogènes, les niveaux de maturité des raisins ayant mis du temps à être atteints, malgré des rendements faibles.
Niveau nutrition début 2025 :
Pour le millésime 2025, il est important de planifier dès maintenant une fertilisation d’accompagnement après la sortie des premières feuilles. Depuis près de dix ans, nous proposons des Programmes de Nutrition et de Stimulation (PNS) adaptés aux premiers stades de développement de la vigne, visant à compléter la nutrition en fonction de la qualité des réserves du millésime précédent.
En effet, les réserves sont essentielles pour la nutrition et la croissance de la vigne d’un millésime à l’autre. La vigne stocke chaque année des ressources sous forme de glucides (amidons et sucres solubles) et de minéraux (azote, phosphore, potassium, magnésium, calcium, fer, manganèse, etc.) dans ses organes de réserve tels que les racines, le tronc et les ceps.
La qualité de ce stockage dépend de plusieurs facteurs lors du millésime précédent :
– Conditions climatiques (excès de pluies, stress hydrique, températures basses)
– Pression fongique (altération des feuilles et des grappes)
– Qualité de l’assimilation nutritionnelle
– Productivité sur cep
Un millésime marqué par des conditions stressantes, telles que celles observées en 2024 avec des excès d’eau, des températures fraîches et une pression cryptogamique importante, peut limiter le développement végétatif et induire un stress pendant les phases de croissance. Cela peut avoir des répercussions directes sur la production de raisins, le degré de maturité et le potentiel qualitatif.
Depuis plusieurs millésimes, nous constatons des niveaux d’azote très fluctuant en fonction des conditions météorologiques. Des teneurs faibles en azote dans la plante peuvent impacter la qualité des moûts produits, avec des teneurs en azote assimilable faibles, pouvant limiter les fermentations alcooliques.
L’azote est un élément clé pour la synthèse des protéines, la croissance des tissus végétaux et le développement foliaire. La gestion de l’azote influence directement le rendement et la qualité des raisins.
Des apports foliaires en début de cycle permettent de soutenir la vigne et de prévenir les symptômes de carence.
Le fer et le manganèse sont également des éléments essentiels, particulièrement dans les contextes calcaires avec des sols basiques (pH > 8), où leur disponibilité pour la plante est fortement réduite. Dans ce contexte, ces éléments sont peu voire non disponibles. Il est donc important d’accompagner le développement foliaire par des apports précoces de fer et de manganèse afin de favoriser la synthèse de la chlorophylle, molécule indispensable à la photosynthèse.
Voici nos préconisations foliaires à adapter en fonction de vos objectifs de production et de la connaissance de vos vignobles :
BBCH 14-15 | BBCH 53 | BBCH 57 | BBCH 60 | ||
4-5 Feuilles étalées |
Grappes nettement visibles |
Boutons floraux séparés |
Floraison | ||
> ACCOMPAGNEMENT NUTRITIONNEL NPK : |
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2 l/ha | 3 l/ha | 3 l/ha | |
ou | |||||
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2 l/ha | 3 l/ha | 4 l/ha | |
ou | |||||
ANTYS 15 | ![]() |
2 l/ha | 3 l/ha | 3 l/ha | |
> ACCOMPAGNEMENT Fe et Mn : |
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2 l/ha | 3 l/ha | ||
ou | |||||
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2 l/ha | 3 l/ha | ||
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2 l/ha | 3 l/ha |